Selon les chiffres colligés à la fin de 2022, les femmes représentent 3,64 % de la main d’œuvre en construction. Les travailleuses sont de plus en plus nombreuses à chaque année, mais encore une minorité dans l’industrie. Alors c’est comment, travailler en construction quand on est l’une d’entre elles ? Nous avons rencontré deux travailleuses pour parler de leur parcours et leur poser la question !
CINDY GARNEAU, CALORIFUGEUSE
Déçue de ses conditions de travail après plusieurs années dans le domaine de la santé, Cindy a considéré le domaine de la construction après avoir parlé avec son beau‐père, propriétaire d’une compagnie d’isolation : « Il a lui‐même changé de carrière après 20 ans, pour venir travailler en construction, alors je me suis dit : s’il a réussi à le faire, moi aussi c’est possible ! »
Elle a préparé son dossier et profité d’une ouverture de bassins pour faire le saut dans l’industrie : « C’est mon beau‐père et son partenaire d’affaires qui m’ont donné ma chance, parce que la veille de mon premier chantier j’apprenais comment prendre des mesures, je n’avais jamais fait ça ! J’ai travaillé fort pour apprendre mon métier et finalement je pense qu’ils avaient des préjugés, parce qu’ils étaient vraiment surpris de voir que je suis bonne dans mon métier ! »
Aujourd’hui, Cindy ne reçoit que des éloges sur son travail : « En commençant en construction je ne savais même pas c’était quoi un pouce et demi sur un galon, mais j’ai vraiment évolué parce qu’aujourd’hui, 5 ans plus tard, c’est moi qui a les belles jobs de finition, et les clients demandent que ça soit moi qui travaille sur leurs chantiers. J’ai aussi la chance d’évoluer et de travailler du côté administratif en plus de mon travail à temps plein sur les chantiers. Je suis vraiment fière parce que chaque jour je peux prouver que je suis bonne dans ce que je fais ! »
Maintenant qu’elle connaît bien son métier de calorifugeuse, Cindy remarque que ses compétences sont alignées avec son travail sur le chantier : « Ma force c’est la finition, c’est là où je me démarque que ce soit en PVC ou ArmaFlex, je m’organise pour que tout soit « sur la coche ». Je suis aussi peintre dans la vie, je fais des toiles et j’ai ma clientèle de ce côté‐là, donc je vois des liens entre mes compétences au niveau de la minutie. Quand j’ai de l’intérêt pour quelque chose je suis capable de me développer par moi‐même, ça aussi c’est utile dans mon travail. »
Cindy considère qu’elle a réussi à s’améliorer grâce à son sens de l’initiative et en posant des questions lorsqu’elle était apprentie, en demandant à son compagnon de lui dire si elle faisait des erreurs : « Ça m’a vraiment motivée à devenir meilleure. J’ai besoin d’être bonne dans ce que je fais, de me sentir que je m’accomplis dans mon métier ! »
Quel est son conseil à une fille qui veut travailler en construction ?
Selon Cindy, être une fille en construction, ce n’est pas difficile en tant que tel, mais ça arrive qu’on doive se prouver : « Je lui dirais : fais ta place ! Il y a en a parfois, des commentaires sexistes, mais c’est souvent de la part des hommes plus vieux qui n’ont pas été habitués avec des femmes sur leurs chantiers. Mais prouve‐leur ta valeur. Ça m’arrive de devoir le faire quand il y a un nouveau surintendant ou un nouvel entrepreneur général sur le chantier. Il va me demander si j’ai besoin d’aide, si je suis capable de transporter mes outils. C’est souvent fait avec gentillesse, mais ça sous‐entend que j’ai besoin qu’on m’aide et qu’on m’accompagne parce que je suis une femme… Mais non, c’est moi qui gère ma job ! Je ne suis pas du genre à me faire traiter comme si j’étais inférieure. J’aime ça leur prouver à quel point ils ont tort, j’ai quand même un égo ! »
Le point de vue des travailleuses de la construction vous intéresse ?
Cliquez ici pour lire notre article sur Brigitte, peintre
Retour aux nouvelles